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Chroniques de mon canapé
6 mars 2009

Petit dîner en famille

Hier, c’était l’anniversaire de ch’Mère. Elle a eu soixante ans.
Soixante ans !
Je pensais qu’il y aurait un petit quelque chose de prévu, je n’osais rien organiser, supputant qu’elle devait sûrement passer la soirée avec Beau-Papa, puisqu’elle ne nous avait rien proposé.
Et puis, le doute subsistant, j’ai finalement décidé de lui faire une surprise.
J’ai prévenu Hermano (mon frère), Ninotchka (ma tante) et Loumax (mon cousin).
La veille au soir, j’ai commandé un bouquet de fleurs à lui livrer le lendemain, avec un petit mot faisant guise d’invitation.
(La méga classe.)
(Je suis un peu la fille qu’on rêverait tous d’avoir.)

Il faut savoir que ma famille n’avait pas mis les pieds chez moi depuis plus d’une année, et que n’ayant toujours pas vu les nouvelles cuisines et salle de bain il fallait s’attendre une inspection collective des travaux finis.
Il m’a donc semblé judicieux d’entreprendre quelques menues besognes ménagères.
Le problème dans ce genre de situation, c’est mon vieux penchant perfectionniste.
Je ne peux pas faire rationnel, rapide et efficace.
Il faut que je fasse chiant, fastidieux, interminable et dispensable.
Du moins, au début.
Car une fois les aliments du placard triés par catégories, la douche et sa tuyauterie rutilantes comme au premier jour, mes bijoux rangées chronologiquement, il me reste le gros du travail, mais je suis lassée de donner de ma personne et je n’ai plus de temps du tout.
Je me retrouve donc dans le jus, avec les courses et la bouffe à faire, la table à mettre, la douche à prendre, les sappes à choisir et le stress à gérer.
Systématiquement, je me dis « Voilà une bonne leçon à retenir pour l’avenir. »
Et systématiquement, je reproduis le même schéma auto-destructeur.
(La fille qui a le sens du mélodrame, tu sais.)
Hier soir donc, j’ai été à la hauteur de ma réputation, une heure avant l’arrivée des convives j’étais encore chez ED à chercher des aubergines introuvables et des boudoirs absents.
(Pas lavée.)
(Je commence à y prendre goût.)

Les 59 minutes qui suivirent furent un véritable feu d’artifices, attisé par les SMS et appels de demande de code et d’adresse exacte et par la montagne d'épreuves qu'il me restait à affronter.
Je me suis agitée dans tous les sens et le Chat, effrayé, s’en est allé se planquer dans la corbeille à linge sale.
(Pas lavé, donc.)
(Il commence à y prendre goût.)
(Un jour, le Chat et moi iront vivre dans la rue. Je jouerai de l’orgue de barbarie, le Chat jouera le petit animal trop mignon. Je pourrais vivre sans jamais me laver, et le Chat pourra humer le linge sale jusqu'à s'en étourdir. Nous serons heureux. Un peu comme cet homme-là, à qui il manque un bras.)

orgue_de_barbarie


J’ai remplacé le gratin d’aubergines par des lasagnes au chèvre, les boudoirs du tiramisu par des spéculos, et j’ai renoncé aux gougères au fromage pour l’apéro.
(J’ai aussi renoncé à chercher une photo de ch’Mère à coller sur le frigo.)

J’ai à peine eu le temps de dresser le couvert et d’allumer quelques bougies de circonstance que ch’Mère est arrivée, émue aux larmes, suivi du reste du clan.

Pour la plupart, c’était l’occasion d’une première rencontre avec le Chat.
Et chacun de revendiquer un feeling particulier avec lui, et moi d’en rajouter avec l'hypocrite et conciliant « oh oui on voit que toi il t’aime vraiment beaucoup! »
(Sous-entendant « Toi tu fais partie des rares élus qui parlent le langage des Chats. Toi tu es un être supérieur ».)
(Toujours flatter le convive si on veut une bonne note.)

A un moment, le Chat ronflait sur la télé, et mon cousin a éternué.
Mais d’une drôle de façon.
Un peu comme s’il essayait de s’envoler.
Ca a fait peur au Chat – dans ce post on découvre enfin que derrière son franc-parler et ses airs supérieurs le Chat est une véritable flippette – qui a sursauté, puis a glissé, puis s’est – une nouvelle fois - débattu comme un beau diable pour se raccrocher au tube cathodique, mais a échoué, est s’est écrasé sur la lampe, qui est tombée par terre, a fait sauter les plombs et stopper la musique, dans la stupeur générale.
(Parfois, le Chat ressemble à Pierre Richard dans Le grand blond avec une chaussure noire.)

Toujours est-il qu’il fut l’attraction principale de la soirée.
Et ma tante de remarquer « il est élégant, racé, il a de très belles jambes. Comme sa maîtresse. »

Et de demander : « Il parle, le Chat ? »
Oui. On discute, beaucoup.

Une tante très observatrice ce soir là.

« Il est bien le Hermano sur cette photo » a-t-elle jugé, à propos de ce cliché ci.

DSC02189

Alors que de toute évidence il s'agissait du Gros Coeur.
(Qui est très beau en effet.)

"Il est bien le Gros Coeur sur cette photo" a-t-elle jugé à propos de ce cliché-ci

DSC02187

Alors que de toute évidence je n’aurais jamais collé au mur une photo du Gros Coeur embrassant Béatrice Dalle comme du bon pain.
(Et encore moins une photo de lui en marcel.)

Au final, on a beaucoup rigolé, on s’en est mis plein la panse, on a bu trop de Champagne, et je crois que ch’Mère était heureuse.
C’était le but.

Sans doute pour me remercier, elle m’a envoyé ce matin un – énième- power point par mail, avec des photos de bébés (affreux) et des petites légendes philosophiques, du style « ton esprit est comme un parachute, pour bien t’en servir, il faut l’ouvrir », ou « les amis sont comme des ballons de baudruche, si tu les laisses s’envoler, tu ne les retrouves pas toujours. »

b_b_



J’ai beaucoup appris .

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Commentaires
K
L'acteur c'est Jean-Hugues Anglade!
E
J'adore cette photo avec Beatrice Dalle et cet acteur que j'adore (mais je ne me souviens plus du nom)
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